L’histoire de la sélection dans l’enseignement supérieur – partie I

Partout en France, les terminales ont fini d’entrer leurs vœux sur parcoursup et sont entrain de rédiger leurs lettres de motivation. Ils ont jusqu’au 3 avril pour accomplir cette tâche. Ancien professeur principal de terminale, je me souviens bien de la naissance de la plateforme et de son effet sur les élèves.

En mai 2018, je donne un des derniers cours d’histoire de l’année aux terminales. Tout à coup, de manière inhabituelle, beaucoup d’élèves sortent discrètement leur portable, le regard inquiet. Tendus, les yeux rivés sur l’écran, ils n’écoutent plus le cours. Je réalise alors que cela est lié à l’arrivée des premiers résultats parcoursup. J’arrête mon cours, laissant chacun se connecter à la plateforme. Pour beaucoup, c’est la douche froide ! Ils ne sont pas admis, en tout cas pas tout de suite. Ils voient leurs noms apparaître sur d’immenses listes d’attente et se désespèrent d’être reçus dans une formation du supérieur. Ils viennent de pleinement sentir ce qu’est la sélection, la compétition. Parcoursup les place au sein d’une concurrence nationale, chaque élève disputant potentiellement sa place avec tous les autres. Parcoursup n’a pas créé la sélection. Elle l’a accentuée et rendue plus crue.

L’envie me vient, traversé par une certaine nostalgie de mon ancien métier, de vous raconter l’histoire au long cours de la sélection dans l’enseignement supérieur.

Le baccalauréat, l’université et les grandes écoles

I. Le baccalauréat, sésame pour entrer à l'Université

En 1809, lors du premier baccalauréat, 31 élèves sont admis ! L’épreuve se déroule à l’oral devant trois à cinq universitaires. Soit le candidat est admis à l’Université, soit il ne l’est pas. Le jury rend son verdict avec des boules de couleur, blanc pour abstention, rouge pour favorable et noir pour défavorable ! Cet examen a toujours donné accès aux études à l’Université. Les universitaires en ont eu la charge au début avant que les enseignants du secondaire ne les remplacent petit à petit au XXème siècle avec la montée du nombre de candidats, plus de 750 000 par an aujourd’hui.

II. le baccalauréat progressivement obligatoire pour entrer dans les grandes écoles

Pendant la Révolution française et sous le règne de Napoléon, les premières grandes écoles sont créées pour former ceux qui vont servir l’État. Napoléon, à l’origine également des lycées et du bac, développe les grandes écoles. Les concours apparaissent de manière assez désordonnée. A Normal Sup, la sélection se fait sur dossier avant d’être remplacée par un concours en 1819. Très vite après leur création en 1802, les lycées préparent les meilleurs et plus riches élèves à ces concours. Ils entrent en 2nde ou en 1ère dans des classes de mathématiques spéciales et ne passent pass le bac.

En 1852 a lieu une première grande réforme du bac avec la création des premières filières. Le bac unique prend fin. D’un côté, il y a le bac ès lettres, très littéraire, qui donne accès à l’Université. De l’autre, il y a le nouveau bac ès sciences, qui prépare aux concours des grandes écoles, beaucoup basés sur les maths. Ce bac « S » devient progressivement obligatoire pour intégrer ces écoles.

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