Le Cercle des poètes disparus – La Révolution Silencieuse – Partie II

La Révolution silencieuse rend hommage et s’inspire du Cercle des poètes disparus. A la fin du film allemand, une majeure partie des élèves de la classe se lève par solidarité avec leur camarade exclu à l’image de leurs devanciers américains qui étaient montés debout sur leur table pour montrer leur soutien à leur professeur M. Keating, renvoyé de l’établissement. Dans les deux situations, ils encourent l’exclusion en commentant cet acte, n’hésitant pas à se dresser face à l’autorité.

Au-delà de ce passage célèbre, je me suis rendu compte progressivement que les liens entre les deux œuvres étaient très nombreux. Il y a des points communs mais aussi tout un jeu d’opposition aussi bien sur la forme que sur le fond. Ci-dessous, je développe mes interprétations et ne présume pas saisir la vérité de ce qu’ont voulu et fait les deux réalisateurs. Il s’agit plutôt des analyses qu’ils m’ont inspirées.

Une envie de rébellion commune aux deux classes
Le cercle des poètes disparus

Dans le premier article, j’ai montré que les élèves du Cercle des poètes disparus ont été éduqués dans un milieu très conservateur, soumis au poids de l’institution et de leur famille. L’arrivée du professeur de littérature M. Keating (joué par Robin Williams), ancien élève lui-même de l’établissement, change la donne et nourrit l’envie de rébellion d’une partie de la classe.  

En effet, dès son arrivée, il explose le cadre pédagogique habituel (cours en extérieur, élèves qui montent sur les tables et arrachent des pages de leur manuel), demande aux élèves de faire émerger leur personnalité et leurs idées. Il leur lit des extraits d’œuvres, mettant en avant certains passages qui alimentent ses intentions émancipatrices. La phrase « Seize the day boys, make your life extraordinary” (Empare-toi du jour présent, fais de ta vie quelque chose d’extraordinaire) a par exemple une grande résonnance auprès des élèves.  

Ce professeur semble avoir une approche sacrificielle de sa carrière, il se comporte comme s’il voulait éviter à ces garçons son propre sort d’homme qui n’a pas osé remettre en cause le cadre dans lequel il a été éduqué. S’il en avait été autrement, comment comprendre qu’il ait été recruté comme professeur au sein de son ancien établissement ?

Il semble poser des limites déontologiques à son approche vis-à-vis de la classe en ne communiquant pas avec eux en dehors de ses cours. Néanmoins, le film montre à plusieurs reprises qu’il ne mesure pas l’ampleur son influence. Il considère probablement que le cadre autoritaire et conservateur que les élèves subissent dans cette école et dans leur famille est très fort et que cela nécessite des actes et propos forts de sa part pour le contrebalancer.

A mon avis, Il sous-estime la capacité inflammatoire dans ces adolescents au sein d’une société américaine qui est en mutation. En tant qu’élève, M. Keating avait participé à un Cercle des poètes disparus qui était resté secret et qui ne l’avait pas empêché de réussir sa scolarité et sa carrière tout en nourrissant sa vie intérieure. En 1959, ses élèves ne sont pas capables de mener dans la durée cette double vie. L’existence du Cercle est révélée, l’un des participants y fait même entrer des filles extérieures à l’établissement. Nous sentons que ces jeunes hommes souhaitent que l’institution bouge et ne supportent plus le carcan dans lequel ils sont éduqués, l’existence du Cercle semblant davantage nourrir qu’adoucir leurs frustrations.

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