Le métier de fleuriste est-il à conseiller ?

Lire les articles de la presse générale sur l’orientation des jeunes ou la reconversion professionnelle est une activité régulièrement très instructive !

Petit exemple avec les études (CAP ou brevet professionnel ) et le métier de fleuriste.

👉 Est-ce une bonne voie à conseiller aux jeunes ?

Apparemment oui 😊
👉 C’est un secteur qui recrute
Sur la fiche métier du journal Le Parisien, il est écrit que plus de 1000 postes sont à pourvoir chaque année.
Une étude de l’institut Xerfi en 2019 montre que 25% des fleuristes déclarent avoir des difficultés à recruter.
Ouest France évoquait hier la 47e compétition mondiale WorldSkills (achevée le 15 septembre) qui a mis à l’honneur 50 professions manuelles dont celle de fleuriste. Pour l’organisateur de l’événement, ces métiers manuels sont à tort peu plébiscités par les jeunes parce qu’ils sont toujours stigmatisés.

👉 c’est un métier qui permet aux femmes et aux hommes d’exercer de manière indépendante.
13 000 boutiques indépendantes de fleuristes en France embauchent 28 000 salariés. Près d’1/3 des travailleurs sont donc des chefs d’entreprise. D’ailleurs, près de ¾ sont des cheffes d’entreprises (chiffres Xerfi).

👉  c’est un métier qui permet de développer sa créativité
La fiche métier du Parisien et d’autres sites indiquent que le fleuriste est « plus qu’un commerçant, c’est un artisan et même un artiste ».

Seulement, la réalité est bien plus complexe et problématique.

👉 Un fleuriste gagne-t-il correctement sa vie ?

Le salaire moyen de la profession est de 1760 euros net, soit près de 900 euros de moins que le salaire moyen dans le privé en France. C’est assez habituel malheureusement pour des métiers très largement féminisés.

👉 Les employés ont 39 ans en moyenne. Qu’en est-il alors du salaire de celles et ceux qui débutent leur carrière ?

Un salarié qui débute touche le SMIC.

👉 La vraie question est alors : quelles sont les perspectives pour un nouvel arrivant dans le secteur des fleuristes ?

Le site Capital indique que les revenus peuvent aller jusqu’à 3500 euros net pour un fleuriste aguerrie à son compte. Mais ces fleuristes indépendants ont 47 ans en moyenne. De plus, le nombre de boutiques indépendantes est en baisse perpétuelle. Après combien de temps et avec quel capital peut-on avoir sa propre boutique ? Quelle sera la situation du secteur dans quelques années ?
La convention collective des fleuristes prévoit des barèmes suivant le niveau de qualifications. Celui-ci atteint 1560 euros net pour le 4ème niveau. Il faut être technicien supérieur pour connaître une nette montée de ses revenus. Bien entendu, il peut y avoir des avantages liés aux ventes et des heures supplémentaires.
Seulement, cela ne semble pas être la règle. Un article de France Info de mai 2024, qui interroge des salariés déçus par la faible montée de leur rémunération, prend l’exemple de Juliette, fleuriste depuis 2016. En CDI depuis 2021 et avec un niveau IV dans la grille de qualification, elle ne gagne qu’environ 100 euros de plus que le SMIC chaque mois, soit 1476 euros net.

👉 Qu’en est-il des fonctions réelles et des conditions de travail de la plupart des fleuristes, notamment celles et ceux qui débutent ?

Un article du Monde il y a deux semaines était consacré aux repentis de la reconversion professionnelle. Il dresse un portrait bien triste des conditions de travail et des missions pour une fleuriste qui arrive dans le secteur.
Stéphanie, près de 50 ans, habitante de Reims, veut se reconvertir après 28 ans dans les ressources humaines. « Je souhaitais un job passion qui me donne la force de me lever le matin ! ». Elle veut « toucher de la fleur » et « confectionner des bouquets », être dans le créatif. Son CAP de fleuriste en poche, l’apprentie découvre des patrons maltraitants, des tâches répétitives et une précarité grandissante. A plusieurs reprises, les enseignes lui claquent la porte au nez. « Tous les bons postes étaient pris, et ceux qui restaient se trouvaient dans des grosses chaînes avec beaucoup de turnover », confie-t-elle. Dès qu’elle décroche un contrat, les missions se résument aux livraisons, à la manutention et au ménage. « En entretien, un employeur me disait qu’il fallait réceptionner les colis des clients sur notre pause déjeuner ». Après avoir enchaîné les déconvenues, elle décide de quitter le secteur.

👉 A quelle point son expérience peut-elle être généralisée ?
Aujourd’hui, débuter comme fleuriste se réalise de plus en plus dans des grandes surfaces ou des jardineries. Près de 2/3 des indépendants n’ont pas de salariés et le nombre de boutiques indépendantes baisse sous la pression des grandes surfaces. La plupart du temps, un nouveau fleuriste ne va pas travailler dans une petite boutique de centre-ville mais au sein de grands groupes.
Au-delà de ces considérations générales, il semble surtout que ce soit l’accès à une position de gestionnaire d’une boutique qui permette d’exercer un métier avec de la créativité. Je mets en lien un article éclairant de Ouest-France du 15 juin 2024 qui détaille toutes les tâches au travail de Céline, co-gérante d’une boutique à Rennes.

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